A Cahors - J.-B. Rouquet

, par Marc Lagaly

Coou, tu que me fas doublida
Ma citat (1), doun soubèn languissi,
Reçau aqu’s bers que t’ouffrissi.
Soun tius, puisqué me fas canta.

Cahors, toi qui me fais oublier
Ma cité (1), dont souvent je languis
Reçois ces vers que je t’offre.
Ils sont tiens, puisque tu me fais chanter

1 - Le félibre J.-B. Rouquet est né à Toulouse, mais a vécu la majeure partie de sa vie à Cahors, dans la rue du lycée (actuelle rue Wilson) où il était peintre en voiture. Il fut un voisin et un ami du jeune Léon Gambetta.

Sounet

Aimi tous biels rampars, tas rocos soulelhados
Doun le cap emberdit semblo trauca le cèl,
Tous pouns, ruinos, castèls, tas bignos mantélados
De rasins as grus d’or pus prézats que le mèl.

De mounuméns glourious oundron tas permenados ,
Se toun presén es gran, as un passat pla bèl ;
May le tèms jouts sa dalhe apilo las annados,
May d’estèlos en foc plabén sus toun mantèl.

Per lour sang tous guerrièrs, mayre d’aquelo raço
Que bressèt dins toun sé les souldats de Luctèr,
An crouzat dins l’Istoèro un’immourtalo traço.

Baï lambreja su’s ans, l’abeni t’es doubèr ;
Rès pouira t’abali, car toun règne es de fèr,
Per ennaïra tous Fils, lèu n’auràs plus de plaço.

Sonnet

J’aime tes vieux remparts, tes roches ensoleillées
Dont le faîte verdi semble trouer le ciel
Tes ponts, ruines, châteaux, tes vignes chargées
Des raisins aux grains d’or, plus prisés que le miel.

Des monuments glorieux ornent tes promenades ,
Si ton présent est grand, ton passé est bien beau ;
Plus le temps, sous sa faux, entasse les années
Plus d’étoiles, en feu, pleuvent sur ton manteau.

Par leur sang, tes guerriers, mère de cette race
Qui berça sur ton sein les soldats de Lucter,
Ont creusé, dans l’Histoire, une immortelle trace.

Va illuminer les siècles, l’avenir t’est ouvert ;
Rien ne pourra te détruire, car ton règne est de fer,
Pour glorifier tes fils, bientôt, tu n’auras plus de place.

J.-B. Rouquet