Les Vielles de chez nous : Pierre Calel

, par Claude Vertut

LES VIEILLES DE CHEZ NOUS
I ES vieilles de notre pays
Ne sont pas des vieilles moroses,
Elles portent des bonnets rosés,
Des fichus couleur de maïs,
Les vieilles de notre pays.
Elles s’en vont tout doucement,
Les jours où le soleil fait fête,
En remuant, un peu, la tête,
S’arrêtant à chaque moment,
Elles s’en vont tout doucement.
En riant derrière la main,
Elles se disent, à l’oreille,
Des riens qu’elles ont dits la veille
Et rediront le lendemain
En riant derrière la
Elles médisent bien un peu,
Mais si peu que c’est ne rien dire.
Puis il faut bien parler et rire
Les soirs d’hiver, au coin du feu,
Elles médisent bien un peu.
Elles iront en Paradis
Car elles ne manquent pas messe
Et sont fidèles à confesse,
Depuis les galants de jadis...
Elles iront en Paradis !
La bonne Vierge et le Bon Dieu,
Qu’elles ont tant priés sur terre,
Leur feront la mort bien légère
Et bien court le dernier adieu,
La bonne. Vierge et le Bon Dieu.
Les vieilles de notre pays
Ne sont pas des Abeilles moroses. -
Elles portent des bonnets rosés,
Des fichus couleur de maïs,
Les vieilles de notre pays.
PIERRE CALEL.