Ballade à la pâquerette : Pierre Caddau

, par Claude Vertut

BALLADE A LA PAQUERETTE

Le printemps sourit sur les eaux,
A peine en quelque morne site
 J De l’hiver blanchissent les os.
Toute plante gonfle et s’agite,
Ramenant la gaieté proscrite,
Un souffle rôde, un doux soupir,
Et chaque tige au vent palpite
La Pâquerette va s’ouvrir.
Dès le chant du premier oiseau
Qu’elle entend sous l’herbe, séduite,
Elle perce le vert réseau
Qui l’hiver lui servait de gîte.
A s’épanouir elle hésite,
En attendant que le zéphyr
Ou que l’abeille la visite.
La Pâquerette va s’ouvrir.
Seigneur qui gardez le roseau,
Protégez la frêle petite !
Plus blanche que le lys nouveau,
L’églantine ou la marguerite,
C’est du printemps la favorite :
Que jamais n’ose la cueillir
Nulle main impure et maudite !
La Pâquerette va s’ouvrir.

ENVOI
Princesse, quand tout ressuscite,
Pourquoi me faut-il donc mourir ?
Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
La Pâquerette va s’ouvrir.