Les Badernes
Les Badernes mystérieuses
Me touchent par leur vétusté.
Elles ont le charme attristé
Des vieilles choses précieuses,
Les Badernes mystérieuses.
J’erre souvent par les ruelles.
Les murs surplombent le pavé
Et je marche les yeux levés
Vers l’azur que les toits dentellent
J’erre souvent par les ruelles.
Je m’arrête, mon regard fouille
La porte noire sous l’arceau,
Les fenêtres aux fins meneaux,
Les traits bizarres des gargouilles.
Je m’arrête, mon regard fouille.
Et je revis la sombre époque,
La vie épique d’autrefois.
Soldats du guet, semeurs d’effrois,
Dans ce cadre je vous évoque
Et je revis la sombre époque.
Il luit pourtant des jours d’ivresse.
Un enchanteur, le troubadour,
Egrène des chansons d’amour,
Sa lyre éveille la tendresse :
Il luit pourtant des jours d’ivresse.
Le damoiseau dit à sa dame,
En mots naïfs, en mots charmants,
Et sa ferveur et son serment.
De longs baisers, fleurs de son âme,
Le damoiseau donne à sa dame.
Ainsi les misères, les grâces
Du passé survivent encor.
Les Badernes sont le décor
Où des ancêtres se retracent
Et les misères et les grâces.
Edmond LAUBAT - Mon Quercy 1924