SOIR D’AUTOMNE :
Jules Delsériès
Un soir j’étais assis au sommet d’un coteau
Et jetant au lointain un regard circulaire
J’admirai longuement la beauté du tableau
Toujours jeune et pourtant mille fois séculaire.
C’est l’automne, et les bois aux tons déjà rouilles
Jettent au gré du vent leurs dépouilles trembantes
Déjà verdoient les champs des blés nouveaux germes
Des genièvres touffus s’étalent sur les pentes.
Les maisons d’où s’échappe un léger filet bleu
Sortent d’un peu partout, des bois et de la plaine.
Au bas de ce coteau, c’est l’asile de Dieu,
Un clocher noir paraît, j’entends sa voix sereine...
Des troupeaux, j’aperçois les taches de blancheur
Semblant presque dormir ensemble avec la lande
Qui s’étale au lointain, sous la pâle lueur
D’un soleil bas, timide, et qu’un brouillard commande.
Et l’ensemble est si beau dans sa triste couleur,
Que sans pétiller, on y voit bien la vie...
La nature elle aussi enfante avec douleur
Ces éternels présents dont notre âme est ravie...
On dirait qu’elle geint à travers monts et vaux.
Moi, j’aime à contempler de loin cette merveille.
A recueillir le bruit de ces muets travaux
Ouvrage du seul Dieu qui commande et qui veille

Extrait Au Gré du Vent