ENNUI Jules Delseriès, Au gré du vent.
Suivi de INDÉPENDANCE
Mon âme flotte dans la brume
Comme ces lointaines lueurs
Que le vent balance et consume
La nuit au milieu des vapeurs.
La pluie en vain sur ma fenêtre
Vient tambouriner les carreaux.
Un nouveau rêve semble naître...
Sitôt s’éteignent ses flambeaux.
Nonchalamment j’ouvre et regarde
La pauvre lune sans rayons,
Dont parfois la courbe blafarde,
Se penche entre deux horizons.
Tout comme elle, moi je m’égare
Dans une touffe de brouillard...
Et je voudrais, nouvel Icare
Aller rejoindre son regard.
Mon âme flotte dans la brume
Comme ces lointaines lueurs
Que le vent balance et consume
La nuit au milieu des vapeurs.
INDEPENDANCE
Vivre de son travail, sans luxe et sans lésine
Toujours prêt à répondre à l’appel du besoin
Jamais pour des faveurs ne se rompre l’échiné
Du mot de liberté, faire plus qu’un témoin !
Au son d’un pauvre écu ne pas changer de mine
Malgré sa pauvreté, pouvoir dans quelque coin
Trouver pour secourir la veuve ou l’orpheline
Voilà bien d’une vie et le souffle et le soin.
S’en aller en avant et les yeux vers le ciel
Sans savoir si demain sera poison ou miel
Au-delà du tombeau, voir toujours l’Espérance.
Comme l’oiseau dans l’air jeter de clairs refrains
Loin des barreaux dorés qui brillent toujours vains
Sans haine et sans mépris, j’aime l’indépendance !