À MON VILLAGE

, par Claude Vertut

A MON VILLAGE : Jules Delseriès

Dans un frais vallon de verdure
Mon village semble blotti
Un ruisselet clair y murmure
Tout doucement, presque endormi.
Son clocher dans un flanc s’élève,
Voix d’avenir, voix d’autrefois
Sonnant tour à tour la relève
Par delà monts et prés et bois.
Voici plus bas notre fontaine
Semblant dormir près du ruisseau.
C’est notre précieuse reine,
C’est notre plus beau joyau.
Admirez enfin ces platanes
Qui rafraîchissent le chemin
Et quand soufflent les tramontanes
Chantent plus fort qu’aucun moulin ;
Ces maisons au vieux mur rustique
Où voisinent lierre ou rosiers
Parfumés, berceaux de musique
Où les oiseaux sont ménétriers.
Tout cela placé dans un cadre
De bois verts, de pampres vermeil...
Car la nature n’est pas ladre
Sous les flots de notre soleil !
Et si dénudé qu’il paraisse
Quand l’hiver a pris ses apprêts
De mon village, la rudesse
Pour moi toujours a des attraits.
Comme une pauvre lampe antique
Tout vert-de-gris, tout vieux calel,
De ton enfant l’huile rustique
Brûle pour toi, O Sabadel !