DÉDICACE de Joseph Blanc

, par Claude Vertut

DEDICACE
NON, je n’inscrirai pas votre nom sur ce livre ;
Dans le fond de mon cœur conservant mon secret,
Je ne veux pas ici que ma plume le livre,
Car, étant très aimant, je dois être discret

D’ailleurs, si vous ouvrez ces vers pleins de" mon rêve,
Vous comprendrez bientôt qui me les inspira •
Et, si l’amour y mit et sa flamme et sa sève,
Je sais qu’avec vos yeux votre cœur les lira.

Je n’ai chanté que vous, que votre beauté blonde,
Que vos regards si bleus, que vos longs cheveux d’or »,
Et votre doux reflet, toujours vainqueur, inonde
Les vers où sans parler de vous j’y pense encor.

Oui, c’est vous, toujours vous, que j’aime et que je chante ;
Je note chaque jour le refrain de mon cœur,
Et la Muse est pour moi la douce confidente
Qui reçoit mes aveux et contient mon ardeur.

Ah ! si j’étais la fleur dont le parfum vous grise,
Si j’étais l’oiselet nourri par votre main,
Si j’étais seulement le souffle de la brise,
Vous sauriez tout l’amour qui brûle sous mon sein !

C’est pour vous que je vis, c’est en vous que j’espère ;
Quand je suis loin de vous, j’ai votre souvenir ;
Et lorsque je vous vois je sens comme un cratère
Plein de lave brûlante en mes veines s’ouvrir.

Mais je reste muet, plein d’une langueur douce,
Je me sens envahi par un charme troublant,
Et l’aveu qui m’oppresse, en moi je le repousse,
Car longtemps je demeure interdit et tremblant.

Quand se lèvera-t-il ce jour rempli de charmes
Où je pourrai sans crainte avouer mon amour,
Sans être encor en butte aux mortelles alarmes
Qui viennent sur mon cœur s’abattre chaque jour ?

Eh bien ! puisqu’il en est ainsi, je me redresse,
On a plus que l’espoir lorsque l’on a la Foi,
Lorsque la Volonté pour vous guider se dresse,
Que l’on a la Jeunesse et l’Amour avec soi !

Vous que j’aime, écoutez ; vous savez ma devise,
« Je travaille et j’espère », et vous savez encor
Que je suis parmi ceux qu’aucun effort ne brise
Et qui battent le fer au lieu de chercher l’or !

Oui, je veux vous aimer et pouvoir vous le dire,
Dusse-je à vos genoux courber tout l’univers !
Le rêve désormais ne saurait me suffire...
Et comme arrhes d’amour, je vous offre ces vers...
(Rimes Blondes).