Le 23 juin, veille de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, ont lieu des feux qui sont restés très populaires, en Quercy et tout particulièrement a Laroque des Arcs.
Ce samedi 23 juin comme à l’accoutumée depuis de très nombreuses années, ce feu illuminera le port de Laroque, après une animation avec les enfants de l’école, un repas musical avec le Duo Tache de Lune et quelques poésies de Gabriel Ferret et Jean Moulinier par Colette Pagès ;Suivront la descente aux flambeaux depuis la chapelle Saint-Roch avant le feu qui sera allumé sur un radeau. Tout est prévu puisque un chapiteau est mis en place au cas ou ce proverbe patois du temps jadis se vérifierait :
" Toutsours Sent Jean a lavat las carieras a Sent Peyré (29 de junh) et Sent Peyré a Sent Martial (30 de Junh) "
Nos demora pus qu’a pregar Sent Roch
HISTORIQUERetour ligne automatique
1° Feux du 23 juin. — Le 23 juin, veille de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, ont lieu des feux qui sont restés très populaires (1).
L’usage en est très répandu et, dans notre province en particulier, il ne serait pas aisé de mentionner une ville, un hameau où l’on se dispense d’élever un bûcher.Retour ligne automatique
Ces feux seraient, croit-on, d’une très ancienne origine. Feux et danses de ce jour remonteraient à la plus haute antiquité. Ils seraient un reste du culte du feu et du soleil. Ces feux de joie auraient leur origine dans la fête célébrée sous le paganisme en l’honneur du soleil au moment du solstice d’été, dont l’époque coïncide avec la fête chrétienne de la Nativité de saint Jean-Baptiste qui se célèbre le 24 juin.Retour ligne automatique
D’après certains auteurs, dont M. l’abbé Calhiat, de Montauban, la Saint-Jean serait simplement la traduction pittoresque de ce mot de l’Evangile : « Multi in Nativate ejus gaudebunt ».
Dans les villages de la région de Cahors, après le coucher du soleil, on met le feu à une véritable pyramide de fagots et de sarments qu’on a eu soin de former dans la journée. D’un point élevé, on pourrait voir ce soir-là la plus poétique illumination.Retour ligne automatique
Du mont Saint-Cyr, à Cahors, par exemple, d’où l’on découvre de nombreux clochers, on peut apercevoir, le 23 juin au soir, de multiples flammes au moment où s’allument les feux dans les localités.
C’est sur la place de l’église que s’organisent d’ordinaire ces feux. Quand il n’y a point d’église dans la localité, le bûcher est dressé sur les hauteurs voisines, dans les villages, parfois même devant chaque maison isolée d’un endroit élevé.Retour ligne automatique
Dans les villes quercynoises ou les bourgs importants, des bûchers sont préparés à tous les carrefours ; à Cahors, les enfants de Saint-Urcisse et ceux du faubourg Saint-Georges semblent rechercher les bords du Lot pour y organiser leurs feux.Retour ligne automatique
Le bûcher de la Saint-Jean, qui se constitue longtemps à l’avance au moyen de quêtes de fagots faites de porte en porte par les enfants du lieu, se compose généralement de nombreuses branches d’arbre, de grosses bûches, et forme une imposante pile de bois. Chacun a donné généreusement à la quête du bois destiné au feu de ce jour : l’un un fagot, l’autre une bûche ou des copeaux. Tous ont voulu le feu aussi brillant que possible.
On a eu soin de disposer des bûches et des fagots autour d’une perche que surmonte un bouquet de fleurs, surtout de lys et de roses, ou que couronne de préférence une croix, dans certains villages.
A Laroque-des-Arcs en particulier, jeunes et vieux sont tous réunis, autour du feu, pour jouir du spectacle et comme pour assister à un usage vénérable. La flamme du bûcher s’élève en pétillant et atteint très haut, en raison du grand nombre de fagots qui brûlent. Autour du grand feu, les enfants tirent des pétards et des fusées et gambadent ; à la fin, ils enjambent même le feu.
Dans la même localité, des rondes s’organisent autour du bûcher et plusieurs chansons bruyantes sont chantées en patois.
Les hommes s’approchaient jadis assez près du brasier pour guérir des clous et des abcès. Des personnes malades des reins tournaient le dos au feu. Cet usage existait ailleurs qu’à Laroque-des-Arcs. A Cazillac (Lauzerte), les membres d’une famille se tenaient tout à côté du feu allumé près de la ferme en tournant le dos parce que cela garantit du mal de reins durant les moissons.
Au Murel, le curé de la paroisse allumait lui-même le feu après l’avoir béni. Au cours de l’aspersion, pendant les prières liturgiques de la bénédiction, les personnes présentes récitaient quelques prières usuelles et la chorale paroissiale chantait des cantiques. Cet usage se pratiquait encore en 1917.
Dans les villages où le prêtre n’allume ni ne bénit le feu, il ne manque pas d’y prendre part en donnant de quoi acheter des fagots ou quelques fusées, que les enfants seront heureux de faire partir une fois que le feu aura bien pris.Retour ligne automatique
Les jeunes gens ont à coeur sur la fin de renverser, au milieu du brasier une perche qui avait servi à maintenir le bûcher. Ils ajoutent volontiers les morceaux.
Lorsque le feu a totalement brulé, l’on recueille précieusement quelques charbons ou petits tisons. On place le petit tison au chevet du lit ou dans, quelque meuble, à côté du buis ou laurier bénit le dimanche des Rameaux. La vertu de ces tisons ou débris de branches brûlées de la Saint-Jean serait de préserver de la foudre, des incendies, de toute maladie contagieuse et de tous autres accidents (2).
A Saint-Céré, il y a une cinquantaine d’années, les feux de la Saint-Jean s’allumaient sur les places. Ceux qui sautaient ces feux trois fois de suite sans se brûler étaient sûrs de se marier dans l’année.
Note 1 - Dans le Catéchisme de Meaux, Bossuet a précisé plusieurs superstitions des feux de la Saint-Jean, qui se rattacheraient à d’anciennes traditions mythologiques : « Danser à l’entour du feu, jouer, faire des festins, jeter des herbes par-dessus le feu, en cueillir avant midi à jeun, en porter sur soi, les conserver le long de l’année, garder les tisons ou les charbons du feu sacré. »
2° Le 24 et les jours de l’octave. — Le jour même de la Saint-Jean, le 24, avant le lever du soleil, un peu partout, des personnes jugent bon de couper des rameaux verdoyants pour décorer les portes des maisons et des étables.
Elles ramassent de préférence des branches de noyer, appelées tsouonnencos, qu’on lie ensemble et qu’on suspend ensuite dans les groupes pour préserver les animaux des maladies et de tous maléfices.
Dans les environs de Souillac, de vieilles femmes se lèvent encore entre minuit et une heure le 24, pour cueillir les herbes dites de la Saint-Jean qu’on croit aptes à guérir de tous les maux.
Dans tout le Quercy, on porte à l’église, au moment de la messe dite en l’honneur de Saint-Jean, une poignée d’épis de blé choisis un instant auparavant parmi les plus beaux pour les faire bénir... Ces épis seront suspendus dans la journée en forme de croix au-dessus de la porte principale de l’habitation.
A Cazillac (Lauzerte) et dans d’autres localités de cette région, les gens ne cueillent pas seulement en vue de cette bénédiction, des épis de blé, mais encore de jeunes pousses de noyer, des tiges de lys fleuries qu’on dispose également en forme de croix et qu’on a soin de mettre à la principale porte de la maison. Le vent ou les intempéries emportent le plus souvent ces bouquets ayant la forme de croix, mais plusieurs d’entre eux demeurent à leur place jusqu’à l’année suivante où ils seront remplacés.
Dans les localités de la rive gauche de la Garonne, cette disposition d’épis de blé en croix pour une telle destination est fort usitée.Retour ligne automatique
Dans la région de Gourdon, surtout dans les localités touchant au Périgord, durant l’octave de la fête de la Saint-Jean, des personnes ne manquent pas de ramasser des feuilles de pêcher qui auraient une vertu médicinale : elles guériraient de manière infaillible les fièvres les plus invétérées. Elles cueillent aussi, pour faire des tisanes, à la même époque, de la camomille, du mille-pertuis perforé, du chiendent, de la verveine et d’autres herbes dites de la Saint-Jean.Retour ligne automatique
Pour la samole, que les animaux devaient prendre, les anciens la cueillaient de la main gauche, à jeun, et sans la regarder .
Note 1 - Les feux de la Saint-Jean, d’après certains savants, feraient partie de l’héritage de croyances et de rites importés en Occident par les tribus de la civilisation aryenne. De telles pratiques auraient présidé à la fondation de Rome. Tous les ans, elles étaient renouvelées, nous dit Ovide dans ses Fastes, à chaque anniversaire de la fondation de cette ville. Bossuet reconnaissait que les Feux de la Saint-Jean étaient d’origine païenne. Les anciennes « Palilies », en l’honneur de la déesse Palès, que célébraient les Romains, auraient été remplacées par les usages relatifs à la fête de Saint-Jean qui se célèbre le 24 juin.Retour ligne automatique
On sait que la déesse italique Palès présidait aux troupeaux et aux bergers ; les Romains l’honoraient le 21 avril, au jour anniversaire de la fondation de leur ville. A la fête des Palilies, des feux étaient organisés en l’honneur de la déesse : on purifiait les étables et on faisait tourner les troupeaux autour de l’autel de Palès pour les préserver des maladies.Retour ligne automatique
Chez les Gaulois, au solstice d’été, c’est-à-dire en juin, on célébrait une fête en l’honneur de Belen, Dieu du Soleil. On allumait aussi des feux sur les montagnes en l’honneur de cette divinité ; on plantait des arbres qu’on ornait de fleurs et de rubans, et l’on s’offrait mutuellement des œufs. Ces feux, en l’honneur de Belen, se seraient continués dans ceux de la Saint-Jean.Retour ligne automatique
Encore chez les Gaulois, on honorait en juin le dieu du tonnerre et de la bienfaisante chaleur, Taran.Retour ligne automatique
Des auteurs verraient dans les feux de la Saint-Jean, un lointain écho des fêtes qui se célébraient en l’honneur de ce dieu. Les premiers chrétiens, ayant l’habitude de célébrer par des feux de joie les fêtes du soleil, dont la chaleur et la lumière donnent la vie à la terre et lui font porter des fruits, voulurent probablement célébrer par des feux de joie la fête chrétienne de la nativité de saint Jean-Baptiste, précurseur de la Lumière du monde (voir Les feux de foie de Noâl en ChaJosse, par M. J. de Laborterie, dans Bulletin de la Société de Borda (Dax), 1921, PP. 31 à 34).
Note 2 - Dans le Périgord, d’après M. l’abbé Rocal, la cueillette des herbes de la Saint-Jean ne donne plus lieu aux joyeuses recherches d’autrefois. La maitresse de maison y va seule ; la jeunesse ne s’y rend plus comme à une obligation et amusante réunion. Autrefois, les jeunes gens prenaient rendez-vous pour la première pointe de l’aube, vers une heure et demie du matin du 23 juin. Avant le grand jour de la fête, il fallait avoir récolté sa provision. Selon les pays et l’étendue des communes, les herbes devaient être prises sur le territoire de la paroisse uniquement, ou sur trois, ou sur neuf. A un endroit, on parlait de cinq herbes de la Saint-Jean ; à un autre, de vingt-quatre. L’armoise figurait toujours dans la collection. Durant cette cueillette, les bois et les bas-fonds résonnaient d’appels, de rires, de ritournelles— On devait cueillir ces herbes à reculons, avec choix, en y ajoutant des paroles mystérieuses. On les gardait avec soin dans les maisons et elles guérissaient infailliblement les maladies invétérées. On en plaçait à la porte des étables et on les mettait au ciel de son lit, en dedans de la porte des chambres, pour garantir les personnes de tout sortilège (Les vieilles coutumes, pp. 155,156).Retour ligne automatique
Extrait : Le Vieux Quercy : Chanoine Sol.
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