MJC et Cinéma le Quercy :Vendredi 3 février...

, par Claude Vertut

MJC et Cinéma le Quercy :Vendredi 3 février 2017, à Cahors
Soirée exceptionnelle

• De 18 h 00 à 19 h 30, à la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) :
Une vie debout :
Rencontre avec Mohammed Harbi – historien de l’Algérie contemporaine – et avec Robi Morder – juriste et politologue, association Auogestion.

Mohammed Harbi, né en 1933 en Algérie, est aujourd’hui l’un des meilleurs historiens de l’Algérie contemporaine. Combattant de la première heure pour la libération de son pays, il a joué un rôle important dans les premières années de l’indépendance.
Emprisonné au moment du coup d’État de 1965, il s’évada en 1973 et s’exila en France. Professeur à l’Université Paris-VIII, il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Une vie debout. Mémoires politiques, tome 1 : 1945-1962 (Paris, La Découverte, 2001) ; il a dirigé, avec Benjamin Stora, l’ouvrage collectif La Guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie (Paris, Robert Laffont, 2004).

Robi Morder, né en 1954, juriste du travail, politologue, spécialiste des mouvements lycéen et étudiant, militant politique, syndical et associatif. Il a fait partie des fondateurs de la Fondation Copernic et il participe au conseil de l’Association pour l’autogestion. Chargé d’enseignement à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines en droit et sciences sociales.
Président du Groupe d’études et de recherche sur les mouvements étudiants (GERME), vice-président du Conservatoire des mémoires étudiantes, Robi Morder a publié une cinquantaine d’articles et contributions.

• À 20 h, film L’Algérie du possible, de Viviane Candas, au cinéma Le Quercy
Voir les critiques du Monde et de Télérama ci-jointes.

Bande-annonce - ALGÉRIE DU POSSIBLE

Critique Télérama

Télérama

Documentaire
Algérie du possible
Réalisé par Viviane Candas (2016)
On aime beaucoup

Durée 82 mn
Nationalité : français
Bande-annonce - ALGÉRIE DU POSSIBLE
Synopsis

Yves Mathieu, avocat du FLN, a choisi de rester dans son pays, l’Algérie, après l’indépendance pour participer à l’édification du nouvel Etat. Celui-ci avait pour objectif l’alphabétisation, le reboisement des zones bombardées au napalm par l’armée coloniale ou encore la mise en place d’un système de santé. Yves Mathieu a été conseiller du premier gouvernement algérien. En 1966, il meurt dans un accident de la route, dans des circonstances encore non élucidées. Sa fille, Viviane Candas, mène l’enquête et retrace la vie de son père avec notamment le témoignage de l’ancien président Ahmed Ben Bella...
Critique lors de la sortie en salle le 07/12/2016

Par Pierre-Julien Marest

C’est l’histoire d’une femme qui a perdu son père et qui cherche à savoir pourquoi. Yves Mathieu, avocat anticolonialiste et militant socialiste est-il mort dans un banal accident de voiture ? Difficile d’y croire lorsque l’on sait que le camion qui l’a percuté, un jour de 1966, appartenait à l’armée algérienne.
Ce documentaire pudique ne sombre jamais dans l’accusation facile, tout en évoquant beaucoup de sujets passionnants (peut-être trop pour une durée aussi courte) : l’indépendance, le pétrole algérien, l’alphabétisation, l’autogestion, le napalm, la restitution des terres... Le tout éclairé par le commentaire sobre de la cinéaste Viviane Candas.
Voilà un film qui fâchera les quelques nostalgiques de l’Algérie française, mais rappelle à tous les autres que c’est en sondant son passé que l’on prépare l’avenir. — Pierre-Julien Marest

Cinéma
image : http://s1.lemde.fr/image/2016/11/02/92x62/5024111_7_02dd_2016-10-28-868a012-7483-17ydl2c-iws4ptx1or_d0816a8847f5f8c416add6af245525ef.jpg
GRAND FORMATLes coups de « cœur » des photographes de l’agence Magnum
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« Algérie du possible » : autopsie d’une utopie mort-née
Autour de la figure de son père, militant indépendantiste, Viviane Candas dessine l’échec de la révolution algérienne.

LE MONDE | 06.12.2016 à 08h38 • Mis à jour le 06.12.2016 à 09h54 |Par Thomas Sotinel
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image : http://s2.lemde.fr/image/2016/12/06/534x0/5043981_6_7390_extrait-du-documentaire-de-viviane-candas_0704f315fb3cec5dab8aad6c9d9e69fc.jpg

L’AVIS DU « MONDE » - A NE PAS MANQUER
La piété filiale n’est pas considérée comme l’une des vertus cardinales du cinéma. Elle est pourtant le moteur de ce beau film, que la réalisatrice Viviane Candas consacre (au sens strict du terme) à son père, Yves Mathieu, militant de l’indépendance algérienne. Animée par le désir de faire (re)vivre cet homme mort à 42 ans, en 1966, près de Constantine, dans des circonstances jamais élucidées, la cinéaste est emportée dans le flot de souvenirs qu’elle fait ressurgir chez les contemporains de son père. Se dessinent alors non seulement le portrait d’un combattant à l’idéalisme inflexible mais aussi la fresque funèbre d’une révolution trahie (y en a-t-il d’autres ?).

Le film se déploie autour d’une image, celle de l’accident de voiture qui a coûté la vie à Yves Mathieu. En 1966, ce natif d’Annaba, engagé dans les forces de la France libre, puis militant communiste, avocat de combattants du FLN, s’est éloigné des cercles du pouvoir. A l’indépendance, il avait été chargé par le régime d’Ahmed Ben Bella de donner un cadre juridique à l’expérience d’autogestion tentée dans les grands domaines agricoles et les installations industrielles abandonnées par les (ou prises aux) Français.

Tableau clinique

Le coup d’Etat de 1965, qui finit par porter au pouvoir Houari Boumédiène, s’est fait contre les amis politiques d’Yves Mathieu, qui a repris ses activités d’avocat et (c’est une hypothèse avancée par sa fille) d’opposant à un régime qu’il réprouve. Alors qu’il se rend dans la région de Constantine pour rencontrer des paysans spoliés dans une affaire de détournement d’eau, sa voiture est heurtée par un camion de l’armée algérienne.

A l’époque, Viviane Candas (qui est la sœur cadette de la collaboratrice du Monde Joëlle Stolz) a 12 ans, elle est élève au lycée français d’Alger. Les souvenirs fragmentaires qu’elle garde de ce deuil sont comme les premières pièces du puzzle inachevé que constitue son film. Pour les compléter, elle a cherché en Algérie les contemporains de son père : des camarades de combat, dont certains furent victimes de la répression qui suivit le coup d’Etat de 1965 pendant que d’autres en profitaient.

SE DESSINENT NON SEULEMENT LE PORTRAIT D’UN COMBATTANT À L’IDÉALISME INFLEXIBLE MAIS AUSSI LA FRESQUE FUNÈBRE D’UNE RÉVOLUTION TRAHIE
La caméra enregistre la gamme des réactions que provoque l’évocation de ce souvenir embarrassant. Le chagrin vrai, la condescendance, l’hypocrisie, la honte, l’aveuglement (la réalisatrice a rencontré Ahmed Ben Bella avant sa mort en 2012) gravent à l’eau-forte le tableau clinique des séquelles d’une révolution.

Parallèlement, à l’aide d’images d’archives utilisées avec parcimonie, Algérie du possible tente de dire ce qu’aurait pu être une Algérie autogérée, qui aurait aidé les paysans dépossédés par la colonisation à retrouver une terre dont ils auraient été les maîtres, qui aurait accompli les promesses de l’indépendance. Cette évocation d’une utopie s’appuie entre autres sur les souvenirs de ce moment de l’histoire qui vit Alger devenir une Mecque révolutionnaire où se croisaient barbudos et Black Panthers, combattants de l’ANC et délégation pékinoise. Le souvenir ébloui de la traductrice d’un discours de Che Guevara répond ainsi aux circonlocutions d’un dignitaire qui fait mine de ne pas se souvenir d’un élément essentiel de l’affaire Mathieu. Ce n’est bien sûr pas dans ce film qu’il faudra chercher un regard critique sur la lutte sanglante qui a mené à l’indépendance de l’Algérie. Mais c’est aussi parce que l’auteure ne peut surmonter l’éblouissement que lui a laissé l’épopée qu’a vécue son père qu’elle peut rendre compte aussi exactement du deuil qui a suivi.

Documentaire français de Viviane Candas (1 h 22). Sur le web :www.facebook.com, www.viviane-candas.com/algerie-du-possible/

• Thomas Sotinel
Journaliste au Monde

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/cinema/article/2016/12/06/algerie-du-possible-autopsie-d-une-utopie-mort-nee_5043982_3476.html#kVcMqBkr8Kxu5vyW.99

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